REPRISE
VOISSANT
(38620)
JOURNÉES DU PATRIMOINE
septembre 2012
AU VIEUX CHÂTEAU
samedi 15 : 15h30 et 20h30
dimanche 16 : 15h30
Réservations : 06.15.58.06.72
Saison 2012-2013 : spectacle proposé en tournée
avec représentations à la carte dans les établissements scolaires !
« Si oncques folie fut rieuse
moultes complaintes en gargouillèrent. »
Vieil dict'on du
Moyen-âge
Conception & Mise en Jeux
Un Texte : des Choix
« La Complainte des Fous » n’est pas et ne peut pas être un spectacle sur le Moyen-âge – cette période couvre mille ans ! – elle en est une vapeur, une émanation hilarante et enseignante, un kaléidoscope de textes plus ou moins connus qui, étonnamment, nous pré-disent.
La
tradition médiévale est essentiellement orale et gestuelle (et le reste jusqu’à la fin de sa période, en dépit de la place et de l’importance que prend l’écrit au XIIème siècle). Un
patrimoine de fables et fabliaux a pu ainsi nous parvenir, indiqué plus qu’étudié dans nos collèges et terriblement occulté par la Commedia dell’Arte.
Ces témoignages de vie, même enluminés de meilleur ou de pire, révèlent de quelles façons réalistes et/ou fantastiques, tragiques et/ou comiques nos ancêtres médiévaux se voyaient, et voyaient leur époque.
Les chroniqueurs et enlumineurs du Moyen-âge organisent idéalement la société en trois ordres : ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent.
Mais l’histoire de la Société Médiévale ne se réduit pas à cette seule classification… Des auteurs, souvent anonymes, nous proposent au travers
d’histoires brèves l’illusion réaliste d’une sorte de Comédie Humaine dans laquelle toutes les classes sociales sont présentes : nobles, prêtres, bourgeois, marchands, paysans,
voleurs et gueux.
Pourquoi, encore et toujours ! mettre en lumière des personnages vieux de sept siècles… ? En quelque sorte : pour qu’eux-mêmes nous enluminent. Parce que la plus grande vertu des œuvres anciennes, la seule peut-être qui leur reste échue, est de nous relier à un passé en nous toujours perdurant et vivant, et de nous re-lier, dans son continu tragique et comique, à l’humanité.
Spectacle tout public, "La
Complainte des Fous" s'apparente au Théâtre de Rue, de Place où les tréteaux tout naturellement s'invitent. A travers chants, fables et fabliaux, s'appellent et se parlent Trouvères et
Troubadours, Fous surgissant pour nous conter, raconter, distraire et informer. Mouvements, espaces et jeux, couleurs sonores et costumières sous la loupe de la farce grossissant à vue d’yeux les travers et les torts des protagonistes.
« La Complainte… » est et donne autant à entendre qu’à voir !...
Une chanteuse comédienne et trois comparses comédiens donnent un branle soutenu à cette heure de ris et jeux. Quatre fols troubadours seront, au fil et gré de scènes qui se courent l’une après l’autre, nobles, vilains, fille à marier, prêtre, mendiant ou clerc, dans un espace de vie ouvert dans lequel scène et public ne font qu’un.
Quand l'Âge est Moyen...
Il n’est pas aisé, d’un Chef d’Œuvre à l’autre, de choisir, de sélectionner… d’hésiter entre un récit de Jean Bodel et un fabliau de Rutebeuf ! Ironie du sort : les textes retenus sont tous d’auteurs anonymes tout en étant très connus au XIIIème siècle. Leur popularité tient sans doute à l’utilisation de tous les ressorts d’un comique dramatique comme dans la mythique « Farce de Maître Patelin », dans « Le Paysan Devenu Médecin » dont Molière a assuré la notoriété avec son « Médecin malgré lui ». De même dans « Les Perdrix », nous retrouvons le rôle de la femme rusée qui sait se tirer d’un mauvais pas et arriver à ses fins en donnant justice à tout le monde.
Ni plus ni moins que la domination de l’argent, la soif du pouvoir, l’exploitation de l’homme par l’homme, le recours à la fourberie – voire à la violence – la femme médiévale est encore, déjà et toujours d’actualité : la nôtre entre autre.
Des leçons à prendre et à
donner… ? Juste le divertissement de quelques (r)enseignements, re-enseignements, d’hilarantes piqûres de rappel, de fables dans lesquelles ces animaux – que La Fontaine chérira quatre
siècles plus tard – accouchent déjà des mêmes hommes toujours en chemin vers leur humanité. On reconnaîtra aisément « Le Criquet et la Fourmi », « Le Lion qui
Chai en Vieillesse », « La terre qui accouche d’une Souris »… Maîtres comiques de cette « Complainte… » : notre humain bestiaire avec ses cycles
de sociétés, d’universelle mortalité.
Et comment, évidemment ! imaginer un spectacle Fables et Fabliaux sans chanter ni danser à l’amble des ombres des troubadours qui, comme ils nous hantent, ont égayé le Moyen-âge … ? Sans les invoquer, évoquer par touches de vieux-français ?
« Si dei jeo faire : maldire l’euil, ki vuelt cluignier, quant il deit guarder e guaitier, que mals ne vienge a sun seignur. »
« Je dois faire comme toi : maudire l’œil qui veut se fermer quand il devrait veiller et guetter pour éviter un malheur à son seigneur ! »
La langue du Moyen-âge n’est encore que parole – l’écrit est latin dans les monastères. Elle nous fait penser à une pâte fraîchement composée, gonflant au levain de ses influences diverses, au plain début de son pétrissage. Sa fonction est tout sauf formelle : dire pour faire « entendre » ; entendement qui passe par l’image et le son dits. Sonorisation de l’image.
D’un pays, d’une région, d’une ville à l’autre le son n’est pas le même qui dira la même image. Vertigineux et grand écart qui nous fait passer de la parole aboutie de Claudel, affranchie de tout classicisme, à celle naissante, bouillonnante, éruptive du Moyen-âge ! Archéologie verbale et – peut-on dire – musicale qui nous fait explorer nos sonorités à travers celles des patois d’ici et là, de nos cousins québécois, dans les jeux et éclats de rires d’une humanité qui, au contraire de la nôtre, se sait et sent avancer vers un meilleur terrestre et céleste.
avec
Michel Béatrix - Sonia Findling - Marc Piron
&
Hervé Tharel
du 20 au 25 mars 2012
ESPACE CULTUREL SAINT-MARC
10, rue Sainte-Hélène. 69002 - LYON
à 20h30 - mercredi à 19h - dimanche à 16h
mardi, jeudi et vendredi : matinées à 10h et 15h
Réservations : 06 15 58 06 72
Pensez à laissez votre adresse courriel sur ce site pour recevoir notre New Letter !
Co-réalisation
&
![]()
NOS PARTENAIRES




« … Je ressentais une soif terrible de mon propre langage. Pouvoir boire ! pouvoir verser sur soi des louches et des louches de mots ! Et je me mis à rêver de ces endroits où mon propre langage était apparu pour la première fois, où mes mots avaient pris formes et couleurs. Car je gardais un souvenir très précis de ces instants où le monde se dilatait :

La saison 2010-2011 nous marque le pas : temps d'attente. Il ne nous
appartient pas en totalité de savoir s'il sera de rebond : le Projet Crypte est en réflexion. Nous avons essayer d'être aimables - et nous avons relativement réussi à l'être,
mais...
"En ces temps insalubres, où rien ne vaut s'il ne rapporte, d'aucuns, parmi les "gens" de théâtre, et, pire parfois, le discours institutionnel
(nous pensons à l'Education Nationale), justifient l'acte théâtral par sa fonction de lecture de la marche du monde. Mais avons-nous vraiment besoin du théâtre pour prendre conscience de la
vanité et de la futilité de ce monde, de notre monde ? Michel Béatrix, en montant pour la troisième fois L'Annonce faite à Marie, ne s'inscrit évidemment pas dans cette logique. Il
travaille l'oeuvre pour ce qu'elle est, il la scrute, il l'investit de manière quasi expérimentale. Et, du coup, il devient un indispensable "donneur de leçons" dans le sens le plus noble de
l'expression. Béatrix édifie, élève, établit (à l'occasion, pensons à l'établi de l'artisan) : en un mot, Béatrix est un instituteur, qui "fait" la leçon, et ce, avec autorité. Cette autorité, là
aussi à entendre dans le sens peu courant de la faculté à
autoriser, est toute de générosité et de gratuité. Il autorise, ici, le spectateur à entrer dans le domaine claudélien, réputé inaccessible.
Pierre de Craon, le bâtisseur de cathédrales, est d'ordinaire présenté seulement comme un élément perturbateur, pour reprendre le lexique
canonique de l'analyse narrative. Mais, par l'interprétation qu'en fait Hervé Tharel, on voit bien que si perturbation il y a, Pierre de Craon en est bien la première victime. Pour faire un
parallèle avec l'évangile de Mathieu (18,7), la version traditionnelle du rôle le présente comme celui "par qui le scandale arrive" (traduction de Louis Segond). Mais ici, lorsque, terrassé par
la douleur, Pierre de Craon s'effondre face à Violaine, la version de la Tradition oecuménique de la Bible pourrait alors paraître plus appropriée : "Malheureux l'homme par qui la chute
arrive". Pour autant, Tharel a une telle emprise sur le débit de la pièce que, personnellement, nous privilégierons celle de Chouraqui : "L'homme par qui vient le trébuchement". On sait que
Chouraqui s'en est tenu à la littéralité du texte, et c'est bien cette littéralité dont Hervé Tharel est le vecteur dans la mesure où, tous autant qu'ils sont, les personnages de
L'Annonce vont "trébucher", Violaine étant alors réduite à la seule marque visible du mal.
Anne Vercors, lui aussi, est un nouveau personnage. Au risque de l'excès, lorsque - aussi impressionnant était-il - Alain Cuny n'en faisait, il y a bien
longtemps, qu'un patriarche élu et, à notre humble avis, un peu monocorde et monotone, Michel Béatrix en fait un homme, un homme simple et doux, un homme sensible et courageux, dont on peut enfin
comprendre les motivations à quitter famille et territoire.

