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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 20:29

VOEUX-fin2011jpeg.JPG

Merci à chacune et chacun de nos compagnons de route et de création !

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 23:17

PROCHAINE CREATION

"LA COMPLAINTE DES FOUS"

Histoires très bonnes et très joyeuses du Moyen-âge :

fabliaux

contes

farces et fables

 

Conception et Mise en Jeux

Hervé THAREL

DSC00741.JPGavec

2008.04.18b GP          Cendrillon 3 Stéph. %0d%0a Vigne 2011          Marc PIRON 2 GP

Michel Béatrix - Sonia Findling - Marc Piron

&

Hervé Tharel

Herve-THAREL.JPGdu 20 au 25 mars 2012

ESPACE CULTUREL SAINT-MARC

10, rue Sainte-Hélène. 69002 - LYON

feu-d-artifice.jpget que, têtes faites, la fête soit !

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 09:22

  CLAUDEL – LA CANTATE A TROIS VOIX

1911 – CENTENAIRE - 2011

Mise en scène : Michel BEATRIX

CANTATE VISUEL by M.B

REPRISE

NOUVELLE MISE EN SCENE

Crypte Saint-Joseph-des-Brotteaux 

99, rue Crillon. 69006 - LYON (M° Masséna)

du mardi 8 au dimanche 20 novembre 2011

20h30 - mercredi : 19h - dimanche : 16h - relâche : lundis

        Mise en scène revisitée, épurée à son extrême: le texte, rien que le texte ! "Que le sens sacré de la parole et le son de la voix humaine tombe dans la pensée, mot par mot, et s'y dissolve...", à la lueur du même  réverbère à trois branches … Et toujours,  et cette fois encore : la plongée du spectateur éberlué au cœur du jeu et des sensations…

L’ARGUMENT

           Solstice d'été...fumée 1

       Il y a Paul, corps et… femmes : trois âmes, anonymes et universelles, qu'enfante et féconde le texte. Trois âges, trois sensibilités, trois cultures, trois confessions entre « la Vigne, le Froment et l’Ombre ». Ils et elles s’attendent, se retrouvent, s’éloignent, se séparent, disparaissent. Questions de Vies, d’Amour, de Mort. Sangs et eaux mêlés. Pas d'autre musique que celle des voix, des mots. Musique d'âmes... de corps donc. Attente, prière, espérance. Désir. Le temps de la plus courte nuit de l'année. 

Michel BEATRIX

L’ŒUVRE

CIEL-citation2.JPG         ... Les hommes passent très au loin, non annulés. Trois sibylles, trois prophétesses de trois aspects du bonheur, si familières. Læta, la Française, la Latine, la fiancée. Fausta, la Polonaise, en exil. Beata, une veuve, Égyptienne. Elles conversent en de courtes répliques et chantent, tantôt l’une, tantôt l’autre, infiniment, la "Rose", le "Rhône", la "Vigne", le "Peuple divisé", c’est la Pologne, la "Chambre intérieure", les "Chars errants", l’ "Or", le "Cœur pur", les "Parfums", l’ "Ombre".

               Étoiles que ces dix cantiques, allumées dans la fluidité d’une entente à demi-mots. C’est l’exilée qui donne davantage le ton et le son, quatre fois; les deux autres s’équilibrent, trois fois chacune. La campagne respire alentour. Le ciel se déploie. Le soleil va se cacher pour un sommeil bref. Brève la nuit s’avance. C’est le solstice d’été de 1911. Il se reproduit chaque année. Il parle encore cent ans après. »

Père Dominique BERTRAND

Président de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon

 avec

Michel Béatrix : BeataSDC17589detail2.JPG

 

 Claire Lebobe-Maxime : FaustaFAUSTA b

 

Françoise Jardel : LaetaJARDEL Françoise

 

 

LES-CHARS-ERRANT-copie-1.jpg

 

 

 

"Pendant le jour, comme une cire a pris l'empreinte de nos villes, et de nos cultures, et des âmes humaines, pénétrant par la bouche,

Et nous voyons, la nuit venue, tout cela, chancelant, fumant, bousculé, en marche au-dessus de nous comme des montagne et le ciel en est parsemé!"

(Laeta : Cantique des Chars Errants)

 

 

L’ABSOLUE NECESSITE

d’un texte qui répond autant qu’il interroge…!

             « La Cantate… » a eu cent ans le 24 juin dernier. Après douze représentations à Lyon, nous les avons de vives voix fêtés au château d’Hostel en Valromey, dans le cadre même où Claudel l’a écrite – composée, sentie, reçue pour la transmettre et la faire vivre et partager. Nous les avons célébrés en nous appliquant à faire plus et mieux que comprendre et expliquer, tenus, soutenus par l’essentielle nécessité de sentir, transmettre, vivre et partager.

            « La Cantate… », en ce qui me concerne, a croisé ma route après trente huit années, d’apprentissage, de tentatives et de tentations d’expérimentations de personnages, de textes… De tous ceux qu’autant qu’eux-mêmes m’ont travaillé, j’ai travaillés, étudiés, pétris, interrogés, savourés, mis en scène autant qu’en chantier, si je devais n’en garder qu’un, ce serait à n’en pas douter : « La Cantate… ».Michel Béatrix

            Jamais un texte ne m’a à ce point aspiré, ébranlé, inquiété, affamé pour, au fur et à mesure de notre partage, à ce point me fonder, me structurer, m’apaiser, me nourrir ! Jamais un texte ne m’a à ce point dit l’indicible, laissé à ce point presque voir l’invisible derrière la devenue presque transparente paroi du sens, des sens… « Esprit perceptible aux sens et vous, ô sens ! à l’Esprit devenus perceptibles et transparents… ! » 

          C'est du Claudel... et parfois, souvent ! on se demande si ce n'est pas du Shakespeare, alors qu'on venait tout juste de se persuader qu'on était dans "Le Cantique des Cantiques", à moins que nous l’ayons confondu avec « les Trois Sœurs » de Tchékhov. La force et la beauté du texte sont à la mesure de ses verrouillages, de ses scellements. Le tombeau est magnifique. Ce qui grouille et vit à l'intérieur mélange à l'éternité le temporel au spirituel. L'histoire que conte et re-conte "La Cantate..." est plurielle, mouvante, obstinément indéfinie, indéfinissable, autre sans doute d'un soir à l'autre, d'un spectateur à l'autre. Ce sont eux, au final, qui sauront et pourront le mieux et le plus fidèlement nous la re-conter.  

Michel Béatrix

QUOI, LA PAROLE ?   

Photo0590.jpg            « … Je ressentais une soif terrible de mon propre langage. Pouvoir boire ! pouvoir verser sur soi des louches et des louches de mots ! Et je me mis à rêver de ces endroits où mon propre langage était apparu pour la première fois, où mes mots avaient pris formes et couleurs. Car je gardais un souvenir très précis de ces instants où le monde se dilatait :

            Il y avait un endroit, à l’ombre de quelques pins, où la lumière et l’ombre jouaient au chat devant mes mains. Une terre aride, des aiguilles de pin, des fourmis qui traînaient leurs brindilles. Des oiseaux dans les arbres. Joseph qui abattait du bois un peu plus loin dans le boqueteau ; un arbre jaune qui brillait dans le vert. Le silence après la hache, le bruit de ses pas, l’ombre qui tombait sur moi. Ses paroles : Ecoute le ruisseau ! Puis plus rien. Puis le mot « ruisseau » et le murmure lui-même qui se bousculaient vers moi  au même instant. Comme s’enroulant autour de moi. Ruisseau, eau, pierres, murmure. Et il dit : Il vient de la terre et sort à la lumière. Je me souvenais de mon cerf-volant bleu sur la pente en aval de la maison.. Tôt le matin. L’herbe encore humide. Beaucoup d’enfants, beaucoup de cerfs-volants. Le mien me fut alors arraché par un vent violent et disparut. Je courus vers Joseph en criant : Mon cerf-volant s’est envolé. Il me prit par la main et me suivit. Où étais-tu, petit ? Ici. Il regarda le ciel. Là, montra-t-il, là, dans l’amandier ! Quelque chose de grand et de rosé qui cachait la vue sur la pente. Je saisis la branche la plus basse pour grimper. Non, non, dit-il. Il me descendit. Tu dois faire attention aux fleurs. Regarde-les ! Il ploya une branche vers moi. Elles e détachent si facilement. Je vis alors la fleur : elle était rose et blanche, avec des taches rouges. La branche était nue et brune. Elle deviendra un fruit, dit-il. Presque toutes les fleurs deviennent des amandes. Laisse-les finir de pousser. Amandier, ciel, cerf-volant, fleur d’amandier, branche nue. »

Göran Tunström : « La Parole du Désert »

 

 DSC01167recadre.JPGGuillaume Bonnet : "Le Rhône et la Saône" 

"Salut, Rhône,

buveur de la terre

et aspirateur de cette rose immense autour de toi

et le trait

irrésistiblement

du sang animateur qui donne à tout : son sens !"

Laeta : "Cantique du Rhône"

 

Chers Amis, chers A(r)mateurs,

que nous pourrions écrire aussi : A(rt)mateurs...


 Parlons "challenge" !

 

Nous n'allons donner que 12 représentations de cette création ENTIÈREMENT revisitée pour cette reprise.


La période est-elle propice ? La conjoncture ?


Tout dans le cœur, rien dans les poches d'une quelconque (re)production ! Mais nous savons que vous ne nous laisserez pas seuls pour défendre et faire que ce texte qu'est "La Cantate..." illumine et rayonne autour de chacun et du plus grand nombre.


Aide !... Comme à l'accoutumée, nous vous proposons notre souscription (places à 15€ au lieu de 17€ ou 20€) que nous vous demandons de répandre, de partager et de défendre avec la même ardeur que celle que nous avons à promouvoir "La Cantate...".


A cette occsion, nous vous adresserons également l'affiche A4 que vous serez les seuls à bien vouloir éventuellement imprimer et poser autour de vous : nous n'envisageons aucun budget d'imprimerie affiches et tracts.


Précisons enfin que, bien que non programmées, des matinées scolaires peuvent avoir lieu à la demande.


Cordialement vôtres et reconnaissants  pour vos fidèles soutien et accompagnement...

 

  (Laissez votre adresse courriel sur ce site, si vous pensez n'être pas dans notre carnet d'adresses, ou directement à : ciemibe@aol.com) 

LOGO-CieMB-copie-1.jpg

avec le concours du

LogoCreditMutuel-copie-1.jpg

et de

logo-RCF.JPG

 

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 17:27

VOEUX-2011b.JPG

"Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime,

Sa protestation ses chants et ses héros

Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux

A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

 

Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu

Emplissant tout à coup l'univers de silence

Contre les violents tourne la violence

Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue

 

Un jour poutant, un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme, un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

Ah je désespérais de mes frères sauvages

Je voyais, je voyais l'avenir à genoux

La Bête triomphante et la pierre sur nous

Et le feu des soldats porté sur nos rivages

 

Quoi toujours ce serait par atroce marché

Un partage incessant que se font de la terre

Entre eux ces assassins que craignent les panthères

Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

 

Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme, un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens d'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

Quoi toujours ce serait la guerre, la querelle

Des manières de rois et des fronts prosternés

Et l'enfant de la femme inutilement né

Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

 

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue

Le massacre toujours justifié d'idoles

Aux cadavres jetés ce manteau de paroles

Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

 

Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme, un jour de feuillages au front

Une jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche."

Louis Aragon

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 12:59

VOEUX-2010-2011-v-OUI.JPG

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 20:33

image_article-detail2.jpg

"Les sanglots longs

Des violons

De l'automne... 

                                             ... gna-gna-gna-gna,

gna-gna-gna,

                                                                                                                             gna-gna-gna.

       Cet automne,  à Verlaine, je préfèrerai Apollinaire, moins par goût du beau que par celui du réaliste : "Automne malade et adoré...".

       Adoré... A re-doré. Le veau d'or est toujours debout, plâtré, béquillé, rebouté mais debout ! Toujours debout mais sacrément décati.

       Minothaure... délabyrinthez-moi vos embrouilles !... Parlez-moi d'Amour(s), de coups de foudre au coeur et à l'âme...!

       Photo0132La saison 2010-2011 nous marque le pas : temps d'attente. Il ne nous appartient pas en totalité de savoir s'il sera de rebond : le Projet Crypte est en réflexion. Nous avons essayer d'être aimables - et nous avons relativement réussi à l'être, mais...

     Le sommes-nous encore - en puissance et potentiellement, suffisamment - pour faire renaître de cendres tièdes le goût et l'appel à la Parole et sa proclamation ?

      D'autres voies s'ouvrent devant nous... celles où d'autres voix nous appellent, nous attirent : sirènes gardiennes d'une île claudélienne, triples et calmes parenthèses, suivantes  choéphores de leurs tourmentes encore proches et eucharistiantes éclaireuses de leurs tempêtes à venir. Hymne ?

"CANTATE A TROIS VOIX"

MAZILLE-2010-b-detailbis.JPG

de Paul Claudel - Mise en scène : Michel Béatrix

avec

Claire Lebobe-Maxime - Natasha Bezriche - Françoise Jardel

 

        « Une forge où, entre l’âme et le corps, entre le marteau de l’amour et du ciel, et l’enclume du désir et de la terre, l’humain se chauffe, se travaille, se trempe.

 VUE D'HOSTELVue depuis la première terrasse du château d’Hostel : décor de fond de « La Cantate… »

            « Trois femmes… trois âges, trois sensibilités, trois cultures, trois confessions. Sangs aux chants mêlés par la seule musique des voix et des mots. Musiques d’âmes… de corps donc. Attente, prière et espérance. »

1911       JUIN        2011

                 BELMONT                      LYON

à suivre ...

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 10:47

GRÂCE AU CARMEL DE LA PAIX

VISUEL-recadre-WEB.JPG

Mazille le 31 juillet 2010


      Quelque chose s'est passé, qui nous a dépassé, dont nous avons senti l'amplitude, et qu'il ne nous appartiendra pas de mesurer...

 

       L’ineffable, l’indicible du mystère, des mystères confondant le sacré et le profane, remettant ainsi l’un et l’autre à sa place dans l’unicité. L’article qui a été écrit n’en dit rien, les photos qui en ont été faites n’en montrent rien, sinon l’objectif : comme si, placés devant un appareil photographique, nous essayions de voir ce que de nous il voit et aspire et garde à transmettre. D’autre qu’une surface lisse, convexe et déformante, nous ne voyons rien ; grâce à quoi nous nous savons plus et mieux, parce qu’il nous faut nous savoir en deçà et au-delà de toute image graphique ou verbale. L’objectif nous renvoie à nous-même, aux uns aux autres, à notre place aussi, à notre fonction : aux uns pour les autres. Rien sans les uns et les autres ne serait arrivé, ne se serait passé, ne serait resté, ineffable, indicible…

       Moins que des mots, pour le rapporter il est besoin des gestes, des regards échangés ; il est besoin des sons, ceux de la chair non plus parlante ou silencieuse, enseignante et savante mais exprimante… exprimée !

DSC03207.JPG

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 17:45

 

D'ENCRE ET DE LUMIERE

IMG 7912WEB-copie-1       "En ces temps insalubres, où rien ne vaut s'il ne rapporte, d'aucuns, parmi les "gens" de théâtre, et, pire parfois, le discours institutionnel (nous pensons à l'Education Nationale), justifient l'acte théâtral par sa fonction de lecture de la marche du monde. Mais avons-nous vraiment besoin du théâtre pour prendre conscience de la vanité et de la futilité de ce monde, de notre monde ? Michel Béatrix, en montant pour la troisième fois L'Annonce faite à Marie, ne s'inscrit évidemment pas dans cette logique. Il travaille l'oeuvre pour ce qu'elle est, il la scrute, il l'investit de manière quasi expérimentale. Et, du coup, il devient un indispensable "donneur de leçons" dans le sens le plus noble de l'expression. Béatrix édifie, élève, établit (à l'occasion, pensons à l'établi de l'artisan) : en un mot, Béatrix est un instituteur, qui "fait" la leçon, et ce, avec autorité. Cette autorité, là aussi à entendre dans le sens peu courant de la faculté à IMG 7749WEBdétailautoriser, est toute de générosité et de gratuité. Il autorise, ici, le spectateur à entrer dans le domaine claudélien, réputé inaccessible.

       La dernière "leçon" remontait à trois ans. Si le spectacle actuel est présenté comme une "reprise", il ne l'est évidemment pas. Il s'agit bien d'une création, et pas seulement parce que cette Annonce est donnée dans un nouveau lieu et que le coeur de la distribution a changé. En fait, en forçant le trait, ont été ajoutés au moins deux personnages. Non bien évidemment que Béatrix ait modifié le texte de Claudel, mais Pierre de Craon et Anne Vercors ont pris, il nous semble, une dimension nouvelle.

       DSC 3742détailWEBPierre de Craon, le bâtisseur de cathédrales, est d'ordinaire présenté seulement comme un élément perturbateur, pour reprendre le lexique canonique de l'analyse narrative. Mais, par l'interprétation qu'en fait Hervé Tharel, on voit bien que si perturbation il y a, Pierre de Craon en est bien la première victime. Pour faire un parallèle avec l'évangile de Mathieu (18,7), la version traditionnelle du rôle le présente comme celui "par qui le scandale arrive" (traduction de Louis Segond). Mais ici, lorsque, terrassé par la douleur, Pierre de Craon s'effondre face à Violaine, la version de la Tradition oecuménique de la Bible pourrait alors paraître plus appropriée : "Malheureux l'homme par qui la chute arrive". Pour autant, Tharel a une telle emprise sur le débit de la pièce que, personnellement, nous privilégierons celle de Chouraqui : "L'homme par qui vient le trébuchement". On sait que Chouraqui s'en est tenu à la littéralité du texte, et c'est bien cette littéralité dont Hervé Tharel est le vecteur dans la mesure où, tous autant qu'ils sont, les personnages de L'Annonce vont "trébucher", Violaine étant alors réduite à la seule marque visible du mal.

DSC_3789.jpg       Anne Vercors, lui aussi, est un nouveau personnage. Au risque de l'excès, lorsque - aussi impressionnant était-il - Alain Cuny n'en faisait, il y a bien longtemps, qu'un patriarche élu et, à notre humble avis, un peu monocorde et monotone, Michel Béatrix en fait un homme, un homme simple et doux, un homme sensible et courageux, dont on peut enfin comprendre les motivations à quitter famille et territoire.

       Et tous les autres (notamment Mara, interprétée par Claire Lebobe-Maxime, plus présente que précédemment, devient désormais un personnage plus complexe, et Elizabeth, la mère, second rôle à la scène, interprétée avec une justesse rare par Natasha Bezriche, occupe légitimement le centre de la hiérarchie familiale) ont eu droit non, donc, à une reprise, mais bien à un nouveau regard. Avec Béatrix, l'idée de spectacle vivant prend ainsi toute sa dimension, auquel le spectateur peut même avoir envie de prendre part. Ainsi,  nous pourrions déjà suggérer à Michel Béatrix, s'il mettait de nouveau l'ouvrage sur le métier, une nouvelle voie, inspirée de son récent Dom Juan, où il faisait jouer le  rôle titre par deux comédiens. Dans la mesure où Violaine et Mara sont l'expression d'une dualité certaine, les deux rôles pourraient être tenus inversement par la même comédienne, sous réserve pratique de mise en scène, que le talent de Béatrix lèvera vite, nous en sommes convaincu.

DSC_3949miroir.jpgDSC 3777LaMère

 

       Paul Claudel n'est pas un homme de théâtre, dans un sens limité et dramaturgique du terme : c'est un poète qui a le don des mots, de leur rythme, de leur musique. C'est un homme d'écriture, un homme d'encre. Michel Béatrix est, lui, comédien et metteur en scène : il sonde le verbe et lui donne le jour. C'est un homme de lumière."

Photos : 1-2-Marion de SAint-Vaast / 3-4-5-6-Ferruccio Nuzzo

P.C-flou-sepia.JPG

Paul Claudel : 1868-1955

IMG_7837WEB.jpg

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 22:01

3ème reprise

du 7 au 25 juillet 2010


Crypte Saint-Joseph des Brotteaux

mercredi : 19h - jeudi, vendredi, samedi : 21h - dimanche : 17h

(relâche les lundis et mardis)

DSC_3980b.jpg

CLAUDEL A LYON... DE TOUTE URGENCE !

     Du théâtre. Du très bon. Du comme-ça-devrait-toujours-être : dépoussiéré et physique, entièrement sur le bout de la langue. Rarement entendu un texte aussi dur à l'égard de la famille. Aussi fort. La distribution est ad hoc. Et le public en état de choc après chaque représentation.

Frédéric Houdaher

Avec

 Michel Béatrix

 Anne Vercors

Natasha Bezriche

 La Mère & Chants

Françoise Jardel

Violaine

Claire Lebobe-Maxime

Mara

Jean-Marc Louaisil

 Jacques Hury

Hervé Tharel

Pierre de Craon

*

       Jeune fille, Violaine a été désirée par Pierre de Craon, bâtisseur de cathédrale, porteur de la lèpre qu’à son tour elle a contractée en lui donnant un baiser.


        « Que sa jeune sœur ait saisi cette occasion pour lui prendre son fiancé ; que le père ait soutenue l’aînée, la mère, la cadette ; que l’aînée, malgré la déchéance survenue, ai pourtant prêté assistance à sa terrible sœur, que cette dernière lui ait montré sa reconnaissance en la tuant ; que les derniers moments aient été ceux d’un pardon général : voilà tous les éléments d’un drame domestique autour de la rivalité de deux sœurs que l’art et la fable n’ont cessé de répéter ou de retrouver. »

Michel Autrand

Méli, mélo, drame ou… mystère ?
IMG_7667WEB.jpg

        "Ici le baiser, qui doit être administré avec beaucoup de solennité. Violaine de bas en haut prend la tête de Pierre entre ses mains et lui aspire l'âme..."

Claudel : "L'Annonce..."  - Fin du Prologue

*

"Michel Béatrix amène ses comédiens à une incarnation splendide et épurée. Dieu soit loué !

DSC_4093web.jpg            DSC 4093DSC 4093Le texte révélé. Il arrive chez Claudel (ou Bernanos ou Péguy), que l’insistante ferveur religieuse de l’auteur étouffe parfois, par des chapelets prosélytes, la beauté simple des mots. Le grand mérite de Béatrix et de ses comédiens est d’avoir réussi par un jeu sobre, dépouillé de toute envolée mystique excessive et de génuflexions verbales (si l’on peut passer l’expression) à accéder à la chair du récit, à sa sensualité. Le « miracle » de la pièce y est ici traité de manière humaine et intelligente : libre à chacun de le recevoir selon sa conscience. Ensuite, pour désenclaver l’histoire de sa gangue catholique stricte, et lui conférer une plus universelle valeur, des chants empruntés aux cultures rom, kabyle ou juive ont été insérés pour accompagner certains points d’inflexion dramatique que Natasha Bezriche interprète avec grâce et feu (…) Enfin la pleine clarté qui enveloppe la scène nous conduit à vivre dans la proximité et à partager les affects des personnages. Un beau moment."

Vincent Raymond : « Tribune de Lyon » Juillet 2007

*

« O ma fiancée à travers les branches en fleurs...

DSC00161.JPG...salut ! » : la réplique de Jacques Hury est accompagnée, dans la première version de la pièce, de la didascalie suivante : « Il [Jacques] regarde, qui vient par le sentier sinueux , Violaine toute dorée qui par moments resplendit sous le soleil entre les feuilles ». Dans la seconde version, celle dite pour la scène, l’indication scénique est réduite à : « Violaine est au dehors, invisible ». A ce jeu des différences, on reconnaîtra que Michel Béatrix a fait le choix de cette dernière pour monter le spectacle proposé à Lyon l’été dernier. Car c’est bien derrière un rideau noir, la rendant peut-être et justement doublement invisible, que Violaine est dissimulée au regard de Jacques, qui paradoxalement la devine pourtant derrière des branches fleuries (il faut alors remonter aux deux premières version de La jeune fille Violaine pour bien percevoir l’évolution dramaturgique de cette scène qui, à nos yeux, est une des plus belles du répertoire du théâtre français).

            Pour autant, ce jeu des différences, tout aussi académique que mutin, est bien vain : nous le savons, la vie de Jacques va de toute manière chavirer (celle de Violaine ayant déjà basculé). A la fin de la scène, l’avenir fera désormais partie du passé, et rien n’y changera, quelque soit la version retenue. Rien ne compte plus alors que le talent d’un metteur en scène et de comédiens, qui, dans le cas présent, est éminent.

            Que ce fut en effet pour cette scène, mais aussi pour celle du baiser à Pierre de Craon, pour celle du départ d’Anne Vercors, pour celle bien évidemment où Mara vient présenter son enfant mort à Violaine, Michel Béatrix sait réinventer, et d’une certaine manière ré-initier (avec l’idée d’initiation du spectateur, voire avec celle très classique de catharsis), l’émotion originelle.

            Il y a, c’est vrai, comme une sorte de curiosité espiègle, pour un amateur, à se rendre à chaque nouveau rendez-vous claudélien que la scène propose. A l’abri des certitudes, celles que nous ont forgées nos maîtres et nos expériences, nous allons assister à des spectacles, à un Echange, à un Partage, à un Soulier, ici à une Annonce, et c’est finalement moins à la découverte d’un risque pris par un homme ou une femme de théâtre, qu’à la découverte de nous-même que nous sommes parfois convié. Ce fut tout du moins ici le cas, ce qui n’est pas aussi fréquent malgré les paris lancés par tel ou tel.

            DSC_3962.jpgCe pari, Béatrix l’a pris dans une église (Saint-Martin d’Ainay, à l’occasion du neuvième centenaire de sa dédicace) : ce qui n’est pas d’une originalité abyssale (l’auteur de ces lignes a peut-être plus vu d’Annonce dans une église que dans un théâtre !). Mais en prenant ce pari, il a aussi pris parti : celui de faire tenir un vrai rôle à cette église (à une chapelle latérale plus précisément). Il fait jouer le lieu : il profite de l’acoustique romane pour faire entendre des chants, pour beaucoup kabyles, intermèdes musicaux bien sûr non prévus par Claudel, mais tout à fait crédibles en la circonstance (interprétés, et du même coup rendus évidents par la comédienne qui joue le rôle de la Mère) ; la disposition de la scène, où s’installe de part et d’autre le public sur deux rangées de fauteuils, contribue à intégrer très naturellement les spectateurs à l’action (au départ d’Anne Vercors, ils sont même invités à partager le pain rompu par le maître de maison) ; Violaine, quand Mara lui rend visite, est réfugiée dans un confessionnal, lieu de l’isolement le plus absolu puisque seul Dieu, par l’oreille du prêtre, y est présent.

            Mais notre analyse ne saurait être, espérons-le, probante que si nous soulignions, en deçà des éléments qui la composent, l’humilité résolue de Michel Béatrix face au texte, ce qui nous rapproche comme rarement de la parole de Paul Claudel.

Christian-Yves Pratoussy : « Bulletin de la Société Paul-Claudel » Octobre 2007

Photos : Michel Béatrix - Ferruccio Nuzzo

*

DSC_4082b.jpg

Photos : 1-3-5-6-F.Nuzzo / 2-M.de Saint-Vaast / 4-M.Béatrix

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 13:42

suite 3 et fin

LYON, MAI 2010

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       Cher Michel, cher Hervé,

 

       C'est absolument bouleversée que je suis sortie de votre re-présentation des Récits de la Passion, au point que je n'ai pu vous écrire immédiatement, comme vous le voyez d'ailleurs ! Ce spectacle était à la fois émouvant, poignant et déchirant : il mettait en scène la douleur comme on la vit, et non comme on l'imagine, ainsi que l'Espérance qui, chaque jour, guide nos pas.

 

       Votre jeu était une véritable prouesse, sans une seule minute de flottement, qui tenait les spectateurs en haleine du début à la fin de la pièce. Ce qui s'est déroulé dans la crypte était si intense que chacun a dû ressortir avec une impression de plénitude et d'apaisement, croyant sans aucun doute n'être resté que quelques minutes.

 

       Vous portiez avec vous toutes les questions, toutes les douleurs, tout l'espoir, toute l'âme de l'humanité. Vous nous avez montré tout à la fois les deux grandes facettes de l'être humain, telles que Baudelaire les définissait, à savoir "deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan", tout en nous apportant un sentiment de charité et de bonté. Après s'être enthousiasmé en votre compagnie, on ne peut plus regarder l'Homme de la même façon... Mais n'est-ce pas le but de tout comédien et de tout metteur en scène que de révéler aux spectateurs la société qui l'entoure ?

 

       Votre talent n'est plus à prouver ni à commenter : il nous porte vers une meilleure compréhension du monde, nous pousse toujours vers un au-delà auquel nous aspirons tous. Et les mots prononcés ce soir-là, tant ceux de Charles Péguy que les vôtres, Michel, m'ont totalement troublée et m'ont poussée à me remettre en questions. Que l'on soit croyant ou non, on est forcément interloqué devant une telle force de paroles, surtout à quelques jours de Pâques. C'est l'Amour et la foi en l'Homme qui nous restent lorsqu'on repense à cette soirée passée en votre compagnie : on ressent toutes les souffrances du Christ lors de la Passion, et l'on ressent également toute la portée du mystère qui prend vie sous nos yeux. Ce n'est pas un cri, ce n'est pas une révolte que vous représentez, c'est un véritable hymne à l'Amour, haletant, lyrique, fracassant qui s'incarne dans le Verbe. On aurait quasi pu fermer les yeux pendant toute la re-présentation pour se nourrir et se laisser bercer par les mots et par vos deux voix, symbole de l'âme humaine. Dans un lieu comme celui où vous nous invitez, comment ne pas se laisser envahir par une émotion viscérale, fascinante, par une agitation convulsive qui nous fait verser des larmes qui nous lavent à la fois les yeux et le coeur ? Ces larmes font fondre sa dureté, font de ce coeur de pierre un coeur de chair. Elles nous rapellent que nous sommes sensibles, vulnérables, émotifs, compatissants, traits de caractère que nous avons trop souvent tendance à refouler et que vous nous renvoyez en pleine figure, comme pour nous ré-apprendre ce que nous sommes réellement.

 

       Quant au texte proprement dit, s'il est, dans son ensemble, absolument fascinant, deux passages m'ont particulièrement touchée, et je veux vraiment vous remercier tous les deux. Vous, Michel, pour les avoir écrits, et vous, Hervé, pour les avoir déclamés : ce sont les passages qui concernent Judas. Judas le mal aimé, Judas le rejeté, Judas l'incompris. Depuis toujours, je ressens une affection toute particulière pour celui qui est resté dans la conscience populaire uniquement comme un traître. Pourtant, il est avant tout un apôtre, et c'est surtout celui sans qui rien ne serait arrivé s'il n'avait pas livré Jésus. Quand on soutient ce type de propos, en général, on est rgardé comme un phénomène : comment peut-on aimer, voire admirer ! un tel salaud ? Cette tendresse ressentie pour cet homme doit presque rester cachée, comme si elle était honteuse... Tout le monde oublie trop vite qu'au bout du chemin, Judas, rongé par le remords, a été le premier apôtre à rejoindre Jésus dans la mort... On pardonne sans aucune difficulté la trahison réitérée de Pierre, mais on juge Judas, on le déteste, on le renie. Ces vers, Michel, réhabilitent enfin cet ami, rappellent pourquoi il a accompli ce geste, perticulièrement quand vous écrivez : "Il te faut me livrer pour ne trahir personne". Dorénavant, grâce à vous Michel, j'ose enfin clamer haut et fort ma sympathie pour cet homme. Dorénavant, quand je pense à lui, c'est votre voix, Hervé, que j'entends, c'est toute l'émotion que vous mettiez à le défendre qui m'accompagne.

 

       L'association de ces deux textes est fascinante pour nous, profanes quant au discernement de leur sens profond. Nous pressentions une merveille et, grâce à vous, Michel et Hervé, nous avons eu accès au sublime. Merci pour cette déferlante d'émotions toujours renouvelée en votre présence.

 

       Très cordialement,

Anne-Claire Gourry

suite 2 :

 

LA QUADRATURE DU CERCLE
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Propos sur Récits de la passion, de Charles Péguy et Michel Béatrix,

avec Michel Béatrix et Hervé Tharel, mars 2010

 

       Arriver bien avant le début du spectacle, fermer les yeux et se laisser gagner par le silence de la crypte de l’église Saint-Joseph des Brotteaux. Peu à peu, les spectateurs vont s’installer. Après le silence, les murmures. Et, déjà, le récit commence, grâce à ces murmures. Fermer les yeux : quand Marie de Magdala et Salomé s’approchèrent du tombeau où avait été enseveli le corps de Jésus (Marc 16-1), elles ne devaient pas parler d’une voix plus forte que ces visiteurs du soir assis dans la pénombre, dont le regard est irrémédiablement attiré par un drap blanc qui gît au sol.

 

       Michel Béatrix et Hervé Tharel, beaux aèdes vêtus de lin et de fil de coton, arrivent à leur tour pour réciter la Passion. Et déclament, et réclament. Ils déclament la douleur du Christ en Croix et de Marie, mère effondrée et martyrisée. Ils réclament la vérité de ces douleurs. Pour qui ? Pourquoi ? « Les romains n’étaient pourtant pas si méchants ». Le jeune charpentier était la fierté de ses parents. Puis, il y eut « la » mission. « Mission », terme scandé par Michel Béatrix, obstinément.

 

       A l’origine, ces Récits de la Passion sont d’une double source : des extraits du Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc, de Charles Péguy, et Avant-dernières Paroles de l’Homme, texte inédit de Michel Béatrix. Sur scène (nous avons hésité un instant à écrire « sur Cène »), ces deux textes résonnent comme les deux interprètes se font écho dans la déclamation. Ces deux textes s’embrassent comme les deux comédiens se congratulent. Et c’est cette mise en Cène (osons-le maintenant) qui fait de cette pièce, contre toute attente, un spectacle moins poétique, en fin de compte, que politique. Quand il est question de la vie et du sort de l’Homme, dans la cité (serait-elle céleste, elle n’en est pas moins d’abord terrestre car Jésus est déjà là quand deux ou trois se trouvent réunis en son nom – Matthieu 18,20), ne s’agit-il pas de politique ? Pendant les représentations de ces Récits de la Passion, dans cette crypte austère, nous ne sommes pas seulement dans le mystique, mais bien principalement dans le politique, dans le sens le plus élevé qui soit. Où l’enjeu dépasse l’intention…


       Relevons au passage que le terme « représentation » est ici abusif. Béatrix et Tharel ne jouent pas. Ils ne sont pas dans la représentation, mais dans la "présentation", à entendre dans l’esprit de la Présentation de la Vierge Marie au Temple.

 

       Ces Récits de la passion, on l’aura compris – nous l’espérons – est une pièce extraordinaire, dans le sens premier du terme. Nous ne sommes pas dans l’ordinaire, à tout point de vue, et théâtral, et liturgique. Michel Béatrix se situe d’emblée, par la disposition scénique, dans une perspective alternative : plutôt que de s’inspirer (et cela aurait été très légitime déjà) d’une trinité évidente et rassurante, il installe son public en rond autour d’un espace de jeu quadrangulaire. On peut ne pas y être consciemment sensible, mais cette quadrature du cercle n’est pas la moindre des contestations au conformisme actuel, responsables probables de notre résignation et de notre désarroi contemporains. Comme un appel à la résistance.

 

       Et attendre, la main de Joseph d’Arimathée posée sur votre épaule, que les derniers spectateurs se retirent ; et goûter au silence du tombeau, cette fois vide, après la résurrection du Christ.

Christian-Yves Pratoussy

*

suite 1 :

 

ENTRE TOPLESS ET BURKA

LE NU FAIT D’EBATS DANS LES VOIX DU MILIEU

 

ENTRETIEN AVEC MICHEL BEATRIX PAR PAUL AYMIC

 

Paul Aymic : Michel Béatrix… l’affiche que vous avez conçue pour annoncer votre dernière création « Les Récits de la Passion » semble donc avoir provoqué quelques réactions… dirons-nous : négatives ? De rejet ?

 

(Rire de Michel Béatrix)

 

Michel Béatrix : J’en ris aujourd’hui, maintenant que vous m’en parlez, que je dois en reparler… mais j’avoue que le réflexe – que je dirai animal – avec lequel elle a pu être parfois reçue m’a plutôt blessé.

 

P.A : Pourquoi, comment cela ?

 

M.B : Une intuition artistique - et pour moi donc : spirituelle - que l'on veut censurer est un acte qui relève d'un désir de mutilation... ça c'est pour la blessure. Cela révèle aussi l'existence de mutilations opérées au secret de certaines sensibilités qui souffrent surtout d'en souffrir seules et sans le savoir.

 

P.A : Que s’est-il passé ?

 

M.B : La nudité, dès lors qu’elle ne sert pas à vendre des sous-vêtements ou des produits d’hygiène corporelle ou du rêve ou des vacances ou… n’importe quoi qui s’inscrive dans une démarche commerciale, sinon vénale ou mercantile, la nudité gène, provoque des réactions de rejets, d’hostilité, de points arrêtés et morts sur les passages protégés des volontés de non-compréhension, de non-écoute.

 

P.A : On peut regretter mais aussi comprendre que certaines sensibilités puissent être offusquées par la nudité affichée.

 

M.B : Moins offusquées par la nudité qu’effrayées par l’interpellation au retour à soi-même à laquelle elle les invite. Des voix de protestations se sont en effet élevées contre l’annonce des Récits de la Passion, placée sur l’affiche entre les parenthèses basses et hautes de deux nudités jumelles et opposées ; elles se sont élevées sans d’ailleurs rien élever d’autre que quelques clapotis de vagues ; elles n’ont élevé ni ceux qui les ont émises, ni aucun des rares qui les ont entendues ; ces voix se sont enflées d’envie de polémique plus qu’elles n’ont souhaité élever au moindre débat ; ces voix se sont écrites et postées comme des mains auraient voulu bâillonner, sinon étrangler à tant enrager de s’étrangler seules. Mais bon : Dieu reconnaitra les siens, et si je ne fais pas partie du lot au premier voyage, je sais qu’il m’expliquera pourquoi et saura me faire décrocher mon paradis au repêchage.

 

P.A : Et donc…?

 

jugement-dernier-michel-ange-buonarroti-1.jpgM.B : La fresque numérique de Aymeric Giraudel – qui, je le rappelle, procède de la même démarche artistique, du même modernisme pour illustrer l’Apocalypse de Jean, que celle et celui de Michel-Ange à son époque pour proposer à ses contemporains une illustration du Jugement Dernier dont est orné le mur de l'autel de la chapelle Sixtine – cette fresque m’est tombée sous les yeux sans que je la cherche. Le hasard (auquel je ne crois pas en tant qu’accident gratuit) m’eût pu proposer une autre image de foule, de lynchage, de folie que celle-ci pour imager l’accompa- gnement bestial de la montée au Golgotha. Mais ce n’eût été qu’une illustration faussement historique, sociale, et donc malgré tout rassurante, parce que représentatives de normes connues et reconnues. Les causes, les déchaînements de la montée au Golgotha dépassent… ou plutôt sont très en-deçà de ces deux plans-là. Ils sont précisément dans l’homme animal dépouillé, privé, amputé de son humanité : à nu !

 

P.A : Les corps chez Giraudel sont d’une beauté qui dément la laideur, la sauvagerie que vous voulez illustrer, dénoncer… ?

 

Eccehomo1M.B : Je trouve qu’ils ont la beauté hypnotique des pulsions grégaires, des hystéries collectives dont des peuples se sont souvent réveillés et sortis sans comprendre comment ils avaient pu y céder, y participer (ré-assénons encore et toujours les mêmes exemples : nazisme, Rwanda, Bosnie… mais il y en a quotidiennement de nouveaux, proches, bêtes et tout aussi dangereux : manifestations sportives ou/et politiques, etc…). A lire, tiens : "Mangez-le si vous voulez" de Jean Teulé (merci Bruno Rotival qui me l'a fait connaître). Ces "Récits..." - celui de Péguy comme le mien - attestent moins la divinité de Jésus le Nazaréen que la bestialité de l'homme.  Dans la fresque de Giraudel, le rythme du montage est double et tellement adaptée à la Passion.

ECCE HOMO Antonio CISERI 1821-1891

P.A : Vous parlez de montage... c'est le cas de le dire...!

 

(Rire de M.B)

 

M.B : En bas, un précipité de foule païenne et sculpturale, un élan, un mouvement ascendant de spectateurs allant à des jeux annoncés de cirque. C’est, au goût et désespoir du jour, le même mécanisme que celui du bouc émissaire. Simplement, cette « unique » fois-là, il s’agit d’un doux… comme un agneau. En haut : un arrêt sur image, une déjà éternité d’ascension dans une nudité qui elle est celle de l’Homme nouveau né.

 

P.A : Cela n'a pas pu sauter qu’à vos propres yeux...!

 

M.B : Certes non, heureusement ! Mais des yeux ont été voilés avant qu'ils ne voient. Eblouissante nudité ! Dénudante lumière qui éclaire en pleine face nos vérités les plus basses comme les plus hautes !

*
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